Redoutable Cap Hatteras, cimetière de l’Atlantique

Redoutable Cap Hatteras, cimetière de l’Atlantique


Passage par l’Intracoastal Waterway, à l’intérieur des Terres de Caroline du Nord

La stratégie de route à adopter, par l’intérieur via l’Intracoastal Waterway ou par le large pour passer ce Cap situé en Caroline du Nord nous a questionné avant même de se décider à nous rendre aux États-Unis dans l’idée (pré-pandémique…) de nous rendre à New York depuis la Mer des Caraïbes.

Préférant une navigation douce et de découverte en famille à une navigation sportive, nous avons donc sagement optés pour un passage par l’intérieur des Terres, de Beaufort en Caroline du Nord à Norfolk en Virginie, via l’Intracoastal Waterway . Et on n’a pas été déçus du voyage !

Zoomons sur ce coin du monde à la dynamique météo parfois dangereuse, toujours fascinante.

 

Hatteras, un des pires caps au monde

La réputation des caps des latitudes sud comme le Horn ou Bonne Espérance n’est plus à faire. Dans son style, Hatteras n’a rien à leur envier.

Pour vous faire une idée de la dynamique météo du coin, visualisez la rencontre entre la chaleur moite du sud lentement accumulée dans les tropiques et drainée jusqu’à Hatteras par le puissant courant océanique du Gulf Stream et le froid crispant descendant en droite ligne du continent et des glaces du nord.

Dans cette zone de basse pression atmosphérique, on ne sous-estime jamais l’arrivée d’un front froid.

Comme l’air chaud est soulevé par l’air froid plus lourd et plus rapide, cela engendre un brassage des masses dans un mouvement ascendant anti-horaire pour redistribuer l’air chaud vers les hautes latitudes et l’air froid vers l’équateur jusqu’à ce qu’elles soient homogènes.

C’est une dépression qui se met à l’œuvre. On pourrait l’imaginer comme une vallée qui se creuse et dans laquelle le vent descend en prenant de la vitesse.

Les conditions sont particulièrement instables à l’avant et dans la traîne d’un front froid, créant des irrégularités de vent, de sérieuses rafales, des grains et des orages craints des navigateurs.

 

 

 

Sur les cartes marines, le Cap Hatteras s’avance en pointe sur Atlantique comme un visage de profil qui fait face à la puissance océanique.

Une vue aérienne donne l’impression d’être à l’intersection du yin de l’océan et du yang de la terre.

Cette zone maritime est jonchée de centaines d’épaves, certaines sources parlent de milliers, dont une qui vous transporte dans le temps :

Le Queen Ann’s Revenge, navire du non moins célèbre pirate Barbe Noire, un personnage fascinant !

Régulièrement battus par les tempêtes et les ouragans, les Outerbanks, ces bancs de sables qui forment une barrière naturelle protectrice pour le littoral, sont sans cesse remodelés par les forces de la mer et du vent.

Les Diamond Shoals, des hauts-fonds de sable, s’étalent jusqu’à plus de 14 miles nautiques au large de la pointe du Cap Hatteras tristement connue comme the Atlantic Graveyard ou Cimetière de l’Atlantique.

Forces de la nature conjuguées

Tout navigateur se méfie des Caps et des grands estuaires qui sont, partout dans le monde, des endroits où les régimes de vents, terrestres et marins, et les courants sont capables de soulever des mers très dures lorsqu’ils s’affrontent.

Ci-dessous, des chevaux sauvages. Cela contraste avec les dauphins qu’on croise régulièrement ! Ce sont des Mustangs. 

Au large du Cap Hatteras, outre la chaleur amenée par le Gulf Stream qui est une composante majeure pour comprendre la mécanique météo de cette zone puisqu’elle alimente un système dépressionnaire, il faut compter avec la puissance colossale de cet énorme courant océanique

La force de gigantesque serpent des mers pousse par endroit à plus de 3, voir 4 nœuds (notre bateau marche en moyenne à 6 nœuds).

C’est une aubaine lorsqu’on est avec lui, mais un danger de taille pour qui s’aventure contre lui, particulièrement dans la zone des hauts-fonds des Diamond Shoals où les vagues risquent d’être compactes, serrées et déferlantes en cas de face-à-face avec un vent du nord, nord-est.

Puis soudainement lassé de sa visite au Cap Hatteras ou peut-être contrarié par sa rencontre avec le courant froid du Labrador en provenance du nord, le Gulf Stream vire soudainement plein est pile à la hauteur du Cap Hatteras.

« La météo, ce n’est pas la Nature ! »

Lorsqu’on prépare nos navigations, la première étape est le relevé météo de différentes sources.

Certaines applications comparent des données de modèles météo et fournissent des animations du vent et de la mer prévus pour la zone qui nous intéresse. On les utilise surtout pour se faire une idée de l’évolution météo sur une zone à grande échelle.

 

Les prévisions de la NOAA (National Oceanic and Atomospheric Administration) restent notre source favorite car elles fournissent des données très précises sur de très petites zones et sont commentées par un météorologue. Ce ne sont pas les données qui manquent.

Pourtant, à chaque fois qu’on prépare notre météo, les paroles d’un pêcheur Martiniquais au début de notre aventure me reviennent souvent en mémoire :

« La météo, ce n’est pas la nature !».

C’est particulièrement vrai sur cette côte ouest Atlantique.

On a expérimenté à plusieurs reprises de grosses différences de forces de vent entre les prévisions et la réalité, particulièrement au niveau du timing.

On utilise d’ailleurs de plus en plus les animations satellites en temps réel qui nous indiquent où se trouvent les systèmes qui nous concernent juste avant de partir lors de sorties en mer.

Notre politique est de patienter jusqu’à ce que les conditions se soient stabilisées sur plusieurs jours et  nous partons idéalement avec des prévisions de 10 à 15 nœuds de partout, sauf du nord, nord-est, pour des passages de max 2 jours, la fiabilité des prévisions déclinant progressivement au-delà de cette durée.

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