Les véritables obstacles au départ

Les véritables obstacles au départ pour une nouvelle vie

 

 

L’argent, la famille, le travail sont bien sûr des raisons de cœur et de confort qui ont toute leur légitimité dans les priorités qui guident nos choix de vie. Elles-mêmes fluctuent en général en fonction la période de vie que l’on traverse.

 

 

Généralement, les proches comprennent, encouragent ou composent avec nos décisions. C’est la nécessité matérielle qui est incontestablement l’entrave principale à laquelle vont se frotter celles et ceux qui ont les yeux qui brillent à l’idée de prendre le large et que l’ailleurs fait rêver.

 

 

Il est un autre obstacle qui aime l’ombre, le silence. Il est invisible, presque tabou et souvent de taille. Contrairement à l’argent, on l’évoque peu. Peut-être parce qu’il n’est pas tangible et qu’une fois mentionné, impossible de l’ignorer. Avoir prise sur lui demande de regrouper courage et enthousiasme.

 

 

Il se déguise en « y’a les gamins », « il faut les moyens.. », « si on pouvait ça se saurait… », « et les parents… », « j’attends que la maison soit finie.. », « avec mon boulot, c’est difficile… », etc. Pour dire vrai j’ai hésité à intituler mon article « les meilleurs moyens de ne pas se lancer ».

 

 

Si le timing et la préparation d’un départ contribuent sans aucun doute à la réussite de tout projet, notre propre expérience nous conforte dans l’idée que notre pire empêcheur d’avancer, c’est nous-mêmes !

 

 

 

 

Oser y croire, oser se mettre en marche

 

 

Mon postulat ici est qu’une fois que vous aurez fermement décidé au fond de vous-même de concrétiser votre rêve, l’univers va se mettre en marche. Pour cela, cela demande de faire des choix et de se fixer des priorités.

 

 

Votre motivation sera nourrie par les images rêvées de l’aventure à venir. À chaque résistance émotionnelle, matérielle ou logistique qui se posera, ce feu intérieur vous donnera la force de chercher les chemins qui rendront la réalisation de votre projet possible.

 

 

Ensuite, c’est une question de patience, de détermination, d’organisation et de timing.

 

 

 

 

À chacun sa stratégie

 

 

Initialement, notre idéal était de vivre 6 mois en mer, 6 mois à terre (ça l’est de nouveau en fait !). Le coût de la vie en Suisse est exorbitant et le système clairement pas fait pour ça. En simple, nous n’en avions pas les moyens.

 

 

Nous avons donc choisi de -presque- tout planter pour s’en libérer. Partir simplement, avec les moyens du bord. Attendre, c’était prendre le risque de voir s’étioler notre motivation.

 

 

Nous avons réuni les conditions que nous jugions essentielles à ce départ et fixé une date butoir.

 

 

 

 

Jo s’anime pour ce qui est devant lui et lui semble à portée. Ça manque franchement de fantaisie, mais ça tient la route.

 

 

Après 10 de vie commune, je soupçonne tout de même mon humain préféré et indéfectible compagnon de route d’avoir une facette de rêveur enfouie quelque part. Il faut bien ça pour accepter de me suivre dans mes délires…

 

 

Notez, lui terre-à-terre et moi dans les nuages, ça forme une sorte d’équilibre. La paternité faisant, ou peut-être juste l’âge, son côté tête brûlée tend à se canaliser avec le temps.

 

 

En revanche, ce truc incurable d’aller toujours voir « juste » un petit bout plus loin ne l’a jamais lâché et j’ai une sorte d’admiration pour cela.

 

 

 

 

La rêverie, un réservoir de motivation pour concrétiser son rêve

 

 

Si vous êtes comme moi, la phase préparatoire est jouïssive ! Aucune frontière n’existe lorsqu’on est plongé dans ses fantasmes d’exotisme bien clampé dans son canapé n’est-ce pas ?

 

 

Ces immersions m’ont valu l’étiquette d’artiste, d’idéaliste là où j’étais simplement enthousiaste. Bon ok, très enthousiaste. Mais l’enthousiasme, c’est la vie !

 

 

Cette rêverie intérieure encore au stade embryonnaire a même carrément été salutaire à certaines périodes de ma vie où je me sentais à l’étroit dans mes godasses.

 

 

À chaque rappel vers une réalité trop compliquée, les coins de ciel bleu et les images d’océans étaient mon échappatoire, mon refuge.

 

 

Et là grrrrrrr ! La mélodie s’arrête comme le grincement d’un vieux vinyl rayé.

 

 

C’est une belle journée d’été sur le lac de Neuchâtel. Premier cours de voile sur un Kelt de 21 pieds et je chiale à en faire déborder le lac parce que je n’y comprends rien, mais alors rien !

 

 

 

 

 

 

Trouver ceux qui vous aideront à faire un pas de plus

 

 

J’ai passé tellement de temps à me rêver sur l’eau (rappel : j’ai grandi à la montagne…) que je me voyais déjà en haut de l’affiche. J’en ai presque oublié qu’il fallait apprendre. Mon rêve se brise une première fois sur les phalanges de la réalité lacustre lors de ce premier cours de voile …

 

 

Quelques stages -des tas à vrai dire- fabuleux plus tard avec de bien meilleurs/es capitaines et équipages ont déverrouillé ma volonté de concrétiser ce rêve de voyage à la voile désormais public.

 

 

Damned ! J’ai eu peur, j’ai vomi, j’ai vu des baleines, des ciels étoilés, j’ai surfé en vent arrière, j’ai barré à la lame, j’ai fait la tambouille à 45 degrés, j’ai ri avec mes équipiers/ères, je pègue et je me sens plus vivante que jamais !

 

 

Ou alors c’est peut-être juste le goût de la mousse à ce moment de l’arrivée au mouillage ou à destination qui permet de prendre la mesure de ce condensé d’émotions.

 

 

 

 

 

 

Le principe de la première gorgée de bière

 

 

Nous sommes 10 ans, un mari et un bébé plus tard. Replaçons l’aiguille sur le vinyl et sautons quelques morceaux.

 

 

Nous sommes sur notre voilier Django au mouillage de Sainte-Anne, Martinique. Voilà 5 ans qu’on en parle, 2 qu’on arpente les salons nautiques, les annonces, rencontrons des gens « qui l’ont fait », que notre vie s’organise pour ce départ.

 

 

Et là, re-grrrrrrr ! Ce n’est pas exactement la mélodie du bonheur. Une semaine que ça tangue, on est malades, on est crevés, tout est compliqué, on n’arrête pas de s’engueuler pour savoir qui est le chef. Mais qu’est-ce qu’on fout là ???

 

 

Les difficultés de la réalité éborgnent la beauté du projet de canapé. Elles jettent un voile opaque sur ces îles paradisiaques qu’on voit à peine et regardons peu, concentrés qu’on est sur notre survie familiale quotidienne.

 

 

Car oui, la déception est un risque quand on se lance.

 

 

Ces deux premières semaines de vie à bord nous ont mis notre première leçon. Vous vous rappelez votre première gorgée de bière ?

 

 

C’est un peu pareil, au sens où l’expérience n’est pas celle qu’on avait prévu à la case canapé.

 

 

Il a fallu quelques mois d’insistance et daigner coopérer pour trouver notre rythme et renouer avec ce rêve d’aventures qui a mis le feu aux poudres.

 

 

 

 

 

 

C’est bien le voyage qui nous fait au final

 

 

Petit à petit, la mue entamée à l’instant où je me suis autorisée à croire en mon projet de famille en bateau s’est poursuivie.

 

 

Cet instant, c’était au retour de notre première location de voilier en Grèce. Impossible de penser à autre chose de retour au bureau. Je suis rentrée et j’ai couché sur le papier toutes les étapes de préparation.

 

 

Des levers de soleil aux levers de lune et des tropiques à la frontière canadienne, les couches d’exigences diverses et variées envers moi-même dont je m’étais enrobée depuis l’enfance se sont désagrégées, non sans mal, depuis.

 

 

Les « il faut » laissent la place aux « pourquoi/pas ». Et c’est tellement plus simple.